La séance du vendredi : le futur, que nous réserve-t-il ?

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L’année 2012 s’est avéré finalement assez pauvre d’un point de vue cinématographique. Les déceptions ont davantage pesé dans la balance que les bonnes surprises, et les seules confirmations furent les bouses attendues. Néanmoins, j’entretiens un fervent espoir pour l’année 2013 (même si je suis conscient que dans « espoir », il y a « poire »). Voici dont les cinq films dont j’attends le plus pour l’année 2013/2014. Des métrages qui pourraient confirmer le talent de leurs auteurs (enfin, pour trois d’entre eux) au travers de films grand public, mais formellement exigeants et travaillés.

Elysium, de Neill Blomkamp :

En 2009, un film, à priori sorti de nulle part, avait enflammé les yeux et le cœur d’une bonne partie des passionnés de la contre-culture : Distric 9. Nanti d’un budget de 30 M$ (une paille pour un film d’une telle ampleur), le réalisateur nous avait offert un condensé de science-fiction, de film documentaire, d’actionner, de critique social ; en se payant le luxe de brasser des thématique scénaristique flirtant avec le mythe de Prométhée ou en convoquant des influences telles que Frankenstein, Akira, Jekyll et Hyde… Le tout soutenu par une production design pertinente et des effets spéciaux hallucinants pour un budget six fois inférieur à la plupart des blockbuster faisandés que l’on nous sert chaque été.

Il est intéressant de savoir que Neill Blomkamp devait réaliser, sous la houlette de Peter Jackson en tant que producteur, l’adaptation de Halo (le premier qui fait une allusion à Nabila, je lui tire une balle dans le genoux), tétralogie vidéo-ludique crée par le studio Bungie (appartenant à Microsoft). Pour d’obscures raisons pécuniaires liées aux droits d’exploitation de la licence (en gros, Microsoft voulait qu’on lui verse une somme astronomique avant même que le film ne soit réellement mis en chantier), le projet a finalement capoté. Pourtant, il reste des traces du travail de Neill Blomkamp dans Distric 9. A la vue de ce métrage, on s’était pris à rêver que le réalisateur puisse se retrouver à la barre d’une film à plus gros budget. Elyisum pourrait bien tenir toutes ces promesses et, grâce à son casting et la promo qui va suivre, faire de Neill Blomkamp un réalisateur à qui l’on pourra confier des projets encore plus importants pour cette fameuse culture geek (expression galvaudée qui commence à me sortir par les trous de nez, d’ailleurs).

 

Le Transperceneige de Bong Joon-Ho :

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Adaptation d’une bande dessinée française de Lob et Rochette, le Transperceneige ne sera sans doute pas un énorme succès au box office, mais le film se montre intéressant à plus d’un titre.

Tout d’abord, le pitch (repris avec une grande flemmardise sur Wikipédia) : Après un cataclysme climatique, les survivants de l’espèce humaine sont enfermés dans un train gigantesque qui roule éternellement. Ce train est très hiérarchisé, avec des wagons dorés en tête où vit l’aristocratie, jusqu’aux wagons des pauvres en fin de convoi. Des wagons militaires assurent la sécurité et des wagons potagers l’alimentation. Le héros, Proloff, issu des wagons de queue, remonte le train afin de comprendre la situation, suite à des événements horribles qu’il refuse d’évoquer à ses interlocuteurs.

Intéressant, donc, par son scénario, évidemment, mais aussi passionnant car un nouveau film de Bong Joon-Ho constitue toujours un évènement cinématographique. Il est sans doute un des dix meilleurs réalisateurs en activité, chacun de ses films est un chef d’œuvre. Réalisateur grand public et subversif (le sous-texte sur la famille sud-coréenne et les dysfonctionnement aberrants de son pays) Bong Joon-Ho est aussi un immense formaliste, bien supérieur et moins démonstratif que le surestimé Park Chan-Wook (très talentueux, lui aussi, mais Old Boy est, à mon sens, le film pour lequel il est le plus connu alors que c’est peut-être son métrage le moins intéressant). Un tel projet promet de grands moments de cinéma et permettra à Bong Joon-Ho de s’épanouir avec ses thèmes de prédilections. Autre point important, le Transperceneige est aussi son premier projet hollywoodien. Nombre de réalisateurs étrangers s’y sont cassés les dents, peu habitués à la manière dont fonctionne les studios de l’usine à rêve. L’avantage, est double pour le spectateur : généralement, lorsque le réalisateur est mécontent, il retourne dans son pays et tourne des films encore plus énerves et subversifs.

Pour le Transperceneige, aucune bande annonce , hélas. Des images promotionnelles défilent sur Internet. En ce qui me concerne, je bave d’impatience.

Gravity : Alfunso Cuaron :

L’avantage avec un réalisateur comme Cuaron, c’est qu’il suffit de montrer deux plans séquences extraordinaires des Fils de l’Homme pour comprendre à quel point ce type est un génie. J’en profite d’ailleurs pour vous inviter à voir le film dont les deux extraits sont tirés. Regardez ces deux vidéos, et on se reparle juste après.

Impressionnant, et surtout, pas simplement présent pour la démonstration. Le but d’un plan séquence, au-delà de l’exploit technique, est de servir une tension ou une émotion allant crescendo. Cuaron a tout compris à ce petit jeu. Étrangement, ce réalisateur n’est pas très connu du grand public et ce malgré le Prisonnier d’Azkaban (le meilleur des Harry Potter) qu’il tourna et qui rencontra un succès mondial. Cela dit, en rédigeant ces lignes, je me rends comptes que tourner un Harry Potter ne permet pas de se faire un nom auprès du public. C’est auprès de la profession que l’on devient connu. Bref, Gravity semble aussi être un projet parfait pour Cuaron et l’on espère qu’il lui permettra de devenir un des ces fameux artisans hybrides et rares du cinéma hollywoodien : les auteurs de blockbusters (Spielberg, Jackson, Raimi, Cameron). Bon, c’est sûr, le trailer ne va pas faire rêver la ménagère de moins de cinquante ans… Mais vous savez ce qu’on lui dit à la ménagère ? D’aller se faire frire le fondement.

 

Only God Forgives de Nicolas Winding Refn :

Auteur de la trilogie Pusher, de Bronson et de Valhalla Rising, Nicolas Winding Refn (NWR) est surtout connu pour son dernier film, Drive. Succès assez improbable quand on y pense, Drive est peut -être l’un des films les moins facile d’accès de NWR (le plus hermétique, mais néanmoins passionnant, restant Valhalla Rising), le prochain film de l’auteur danois devrait promettre encore un scénario que certains jugeront trop mince (pas assez de dialogue, c’est ce que j’entends souvent) et pourrait bien installer NWR dans le rang des « cinéastes autres » à succès. Depuis la fin de David Lynch (Lost Highway et puis au-revoir) et la décrépitude mercantile doublé d’un retournement de veste de Tim Burton (Sleepy Hollow et puis s’en va), il ne reste plus vraiment de réalisateur capable d’adopter une muse consensuelle tel que Ryan Gosling pour tourner des films où l’on travaille la forme pour accoucher d’un propos (et non l’inverse, nom de Dieu !). Bande-annonce hypnotique, le travail de NWR promet encore de se montrer magnifique.

 

Et pas un seul film français ? Non. Le prochain Florent Emilio Siri est pour 2014. En attendant, je vous invite à voir Cloclo et vous comprendrez pourquoi Siri devient peu à peu un immense réalisateur.

Mais je vous parlais de cinq films, n’est-ce pas, et jusqu’ici, je n’en ai annoncé que quatre. Qu’est-ce à dire que ceci ??

Yakuza Weapon !

La boîte de prod’ japonaise Sushi Typhoon continue de prendre de la coke, et c’est pas moi qui me plaindra. Oui, c’est kitsch, c’est produit avec deux yens et demi, c’est mal joué, c’est mal filmé. Tout est objectivement nul… Mais j’adore. Ils n’ont aucune limite et se permettent tout avec trois bouts de ficelles.

En revanche, j’avoue que ce Yakuza Weapon me semble moins alléchant que les films précédents de Sushi Typhoon : Comme VAMPIRE GIRL VS FRANKENSTEIN GIRL, par exemple.

2013 s’annonce donc comme un possible retour en grâce de la SF (après l’échec de Prométhéus, au scénario trop abscons et raté) et l’avènement mérité d’une relève dans le cinéma grand public, capable de divertir et de conserver une politique d’auteur, à contrario des yesmen qui pullulent sur bon nombre de productions.

19 réponses à “La séance du vendredi : le futur, que nous réserve-t-il ?

  1. « Non mais all… » aïe mon genou…

    Elysium, ahlalala… quand j’ai vu, il y a moment d’ailleurs, que le réalisateur de « District 9 » allait produire un nouveau film de S-F, j’étais aux anges ! Fan de S-F, j’espère qu’il sera à la hauteur de son précédent film.

    Tu m’avais déjà parlé de « Transperceneige » et effectivement, ça à l’air intéressant, un film de plus à regarder.

    En revanche, je suis un peu moins convaincu par « Gravity ». Mais pas grave, « Children Of Men » m’a l’air tout aussi bien et pas besoin d’attendre qu’il sorte. Le Trailer de « Gravity » est intriguant et ne montre pas grand-chose, finalement. J’attends la b.a. pour voir ce que ça donnera. J’ai juste peur du casting : « George Clooney » *dégluti*.

    Pour le reste des films, pas vraiment d’avis. Yakuza Weapon, ce n’est pas ma came. En ce qui concerne « Only God Forgives », si ça ressemble à « Drive » je vais avoir du mal. Je n’ai pas regardé d’un œil attentif ce film et ça m’avais déçu en fait. Il faudrait que je le regarde à nouveau.

    Enfin, on ne va pas se plaindre, ça nous fait quelques films à regarder !

  2. Il y a aussi une adaptation du roman « Carrie », de Stephen King, qui va sortir en 2013. Mais si tu n’as pas lu le livre, ne regarde surtout pas la bande annonce, qui est juste débile, puisqu’elle spoil le film tout du long.

    • Ah,District 9, je ne l’avais pas vu venir et je l’ai pris en pleine poire. Donc j’ai toute confiance en Elyseum.
      Le Transperceneige sera le film de l’année, pour moi. Point barre. 🙂
      Gravity j’ai un très bon feeling sur ce film. Et les Fils de l’Homme, vas-y regarde-le, c’est un chef d’oeuvre. Quelle réal’! J’en deviendrais presque grossier, bordel de défécation.
      Drive n’est pas un film facile. Le parti pris est très casse gueule et très marqué… Mais c’est ce que j’ai aimé justement. Ça m’a rappelé un peu Michael Mann, mais en plus onirique.
      Carrie, oui j’ai lu le livre. Tu as vu la première adaptation par Brian de Palma?

  3. Malheureusement je connais peu le cinéma de SF à part bien sûr « 2001 » que j’ai vu à sa sortie (alors que vs n’étiez pas nés tous les 2 j’en suis sûre !) mais c’est un genre qui me plaît beaucoup. Quand j’étais petite, il y avait à la tv une série de feuilletons qui s’appelait « La 4ème dimension », j’étais subjuguée ! Bon, ça a du pas mal vieillir…

    • Tu as surement vu, ou entendu parler de la série « V » (V les visiteurs, 1985). J’ai adoré, quand j’étais petit, pour l’époque je trouvais ça pas mal 😀

    • Ah, la 4ème dimension ou Au delà du Réel, restent de très grandes séries. Même si certains aspects ont pu mal vieillir, je trouve quand même que beaucoup d’épisodes sont de superbes petites histoires avec des chutes et des morales savoureuses.
      Et 2001, effectivement, je n’étais pas né lors de la sortie de ce film 😉

  4. Nan je n’ai vu aucune adaptation de « Carrie ». Celle qui va sortir m’a l’air « passable », à voir par la suite. Je vais le relire, pour la peine.

    Dominique, non je n’étais pas né :X

  5. Je suis un grand fan de « V ». Ils ont fait une série en 2009, mais elle est vraiment mauvaise je trouve.

    • Les critiques sont pas mauvaises. Faut voir, Spike Lee peut apporter quelque chose d’intéressant. Par contre, les ricains sont les rois du remake, y a pas photos.

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